Monsieur le Ministre de l'Intérieur.

Je me permets de vous faire part, à vous et à vos électeurs, d'un certain nombre de réserves et de commentaires.

Je le fais ouvertement parce que je pense que mes pensées sont libres.

 

C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai entendu l'émission de radio où vous avez donné quelques réponses.

En tant que président du SNPS, Syndicat National du personnel de Police et de Sécurité, j'ai quelques remarques à faire.

 

Tout d’abord, vous parlez d'une augmentation salariale substantielle pour certaines catégories.

L'opinion publique entend " augmentations de salaire " et s’arrête là.

Mais vous et moi, savons ce qu’il en est réellement.

Il s'agit d'une correction salariale, correction qui ne concerne qu’une minorité des membres du personnel.

 

Vous savez également que l'intégration de certaines indemnités et allocations dans le salaire est en réalité une Fakenews.

En effet, les indemnités et allocations dont question sont purement et simplement supprimées, sans la moindre compensation de salaire ; à moins que vous ne rêviez d'un salaire fonctionnel !

Alors, pour la énième fois, c’est encore via les médias que je prends connaissances de ces informations, qui normalement auraient dû être transmises lors d’une négociation. Notez que cette méthode de travail est devenue une habitude.

C'est un fait qu'il existe une bonne relation entre votre bureau, vos négociateurs et les syndicats… pour peu que nous soyons prêts à négocier sur tout ce qui intéresse l’autorité.

Mais apparemment, le message ne passe pas vraiment bien.

J'entends bien le message de la base depuis des mois, et vous ne pouvez pas me reprocher de ne pas l'avoir mentionné plusieurs fois lors des négociations.

Je n’ai pas cessé de marteler ce message dans divers journaux et médias et, encore récemment, dans " De zevende dag" : " Le personnel en a ras le bol !"

 

Nous ne devons plus pousser plus loin les débats philosophiques.

Le personnel en a marre ; il en a marre parce qu'il pense que le gouvernement et, par définition, vous, devez arrêter de vous attaquer à leur statut.

Marre parce qu'ils doivent travailler plus longtemps pour moins d'argent.

Marre parce que les règles du jeu changent en cours de partie. Nombre d'entre eux avaient établi un plan de carrière jusque leur 56e ou 58e anniversaire et pas pour 4, 5, 6, 7,… voire 11 années supplémentaires !

Vous ne pouvez pas nier que le stress est élevé, et moi non plus.

Vous rendez-vous compte que je comprends vraiment ce groupe qui s'est constitué sur les médias sociaux ?

 

Ils dénoncent, parfois durement, ce qui est important : La solidarité et l’esprit de corps.

Si on a un commandement unique, on sera sur la bonne voie.

Toutes des choses dont nous avons déjà discuté.

 

Cela m'amène au volet ‘recrutement’.

Certes, vous avez dégagé des budgets et je répandrais des Fakenews si je disais le contraire.

Mais les recrutements effectifs suivent-ils ?

Et ce n'est pas le pire de tout. Pensez-vous réellement que nous sommes en mesure d’attirer les bons profils ? Une entreprise attire les gens en leur offrant quelque chose.

Aujourd’hui, qu’offre la police ?

L'honneur du corps ?

Non, un environnement de travail dangereux et malsain, avec du matériel toujours obsolète !

 

Revenez-nous rendre visite au 127 bis.

Ou mieux encore, jetez un œil sur les ‘locaux’ des dirigeants de votre nouvelle DAB…

Fakenews ? Non. Des gens travaillent jour et nuit pour trouver des solutions ; mais pendant ce temps, le personnel n'a plus qu'à faire son travail, à s’exécuter !

Et une fois encore, ce ne sont pas des Fakenews !

 

Cela m'amène à un autre sujet, celui des jours de maladie.

Le personnel a travaillé très dur, en particulier pendant la visite de Trump.

Les aspirants ont même été utilisés comme chauffeurs. Fakenews ? Non, et nous avons dû nous battre pour que l’on accepte de les payer !

 

Et dans la foulée, nous sommes sommairement informés que le système des congés de maladie va être modifié.

Bien sûr, nous avons dû l'apprendre via les médias, et pas à la table des négociations.

Suite à notre réaction immédiate, nous apprenons, qu’il y a un accord de principe pour la suppression des jours de maladie, mais … qu’il y aura des mesures transitoires.  Tout cela sans négociation !

 

Les médias, informés par votre cabinet, expliquent que notre « système permet aux gens de rester chez eux deux ans avant leur retraite ".

Il ne s'agit que d’une Fakenews.  En effet, quand je demande poliment à l’organe consultatif les chiffres avancés, je dois constater que ces chiffres n'existent tout simplement pas.

Je vais être bref et nous faire gagner du temps : La suppression des jours de maladie n'est pas négociable pour le SNPS.

 

Il en va de même pour votre projet d’une nouvelle loi disciplinaire pernicieuse.

Inacceptable !

Je vous entends déjà nous dire : « Mais tout est encore négociable, il n'y a encore rien sur la table ».

Vous devez comprendre qu’en tant que syndicat représentatif, nous ne pourrons jamais accepter une histoire qui ne fait qu'empirer la situation du personnel.

 

Revenons-en aux Fakenews.

Vous et moi ne pouvons pas nier que la base est en colère.

Soyez tranquilles, nous encaissons les mêmes coups ces derniers jours.

 

J'entends l'appel de la base depuis des mois et je l’ai relayé.

Vos collaborateurs qui négocient vous ont informé, non ?

Avez-vous compris leur message et ce que nous attendons ?

 

Jeudi dernier, j’ai quand même dû reconnaître que vous êtes un as de la communication : mettre dans la bouche des syndicats les mauvaises informations qui circulent dans un groupe Facebook, il fallait le faire.  Magistral !

Permettez-moi de vous dire que le SNPS communique correctement sur les négociations.

Nous n'avons jamais dit, ni même laissé entendre, que nous mettrions fin au régime des inconvénients.

Une fois encore, la Fakenews vient de votre côté !

 

Mais comment cette idée s’est-elle répandue dans les rangs du personnel ?

Pas d’information vers la base ?

Erreur des syndicats ?

 

Je suis prêt à assumer une part de responsabilité, mais être membre d'un syndicat n'est pas une obligation et nous ne pouvons donc toucher tout le monde.

Par contre, informer correctement son personnel est une obligation légale pour l’employeur !

Avez-vous assumé cette responsabilité ?

Mais peut-être que la charge de travail est tellement élevée qu'il n'est même pas possible d'assurer la formation nécessaire du personnel ?

 

A moins que nous ne soyons tombés dans le laxisme ?  Où chacun ne s’intéresse plus qu’à lui ? Où jalousie et envie deviennent des moteurs ? Ou bien certains prétendus généraux sont-ils passés à ce point à côté de leur mission qu’il ne leur reste plus que le bâton pour essayer de diriger ?

 

Il y a encore des certitudes dans la vie.

C'est une question d'empathie et de priorité, qui fait également défaut à votre niveau.

C’est également ce message que la base veut lancer.

 

Vos informations sur les préoccupations du personnel étaient également une Fakenews.  Le personnel attend que vous lui disiez :

« Je ne toucherai pas à votre statut. »

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger le policier contre les violences. »

« Je ne toucherai pas à vos jours de maladie. »

« Je prolonge la NAPAP aussi longtemps que pour les militaires. »

« Le statut policier est un statut particulier, spécifique et un policier doit pouvoir prendre sa retraite plus tôt. »

« J'assurerai une augmentation de salaire linéaire substantielle. »

 

Mon émotion m’amène probablement à oublier un certain nombre de choses.

 

Apportez enfin de bonnes nouvelles au personnel.

 

J'attends avec impatience votre invitation à négocier sérieusement.

 

Carlo Medo

Président National  SNPS asbl